colors.

I. identité

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les stèles s'alignent les unes après les autres. elles sont imprégnées de la noirceur du temps écoulé. la main se dépose sur l'identité qu’elle aurait voulu enterrer. l'épitaphe porte pourtant le nom élevé dans les cieux. rossi gravé dans le marbre, à jamais dans les mémoires. effacé dans celles des enfants oubliés. l'éclat de l'or cache un blason déchu. ici repose l'âme d'une famille qui n'est plus. à détruire, à périr. serena observe en silence. elle lit le recueil déposé sur ses genoux. chaque geste d'une extrême délicatesse. elle a été élevée dans l'irréprochable. la parure toujours impeccable.

poupée articulée; marionette parfaite.

serena écrase les fleurs déposées sur la pierre.

II. âge

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les pages défilent au gré du vent. il fait danser les arbres nus. les branches protègent la gamine, la scrutent. elle est encore assise sur la tombe froide. serena lit en silence. elle y sera encore pendant des heures. les poèmes l'emportent ailleurs. elle trouve son confort au paradis des morts. là où le temps s'arrête, englobé par le sommeil éternel. vingt-huit éphémère. elle ne pense qu'à la paix qu'elle ressent, à l'instant présent. on ne la voit pas, elle fait partie des ombres. un fantôme qui puise sa puissance dans les mots.

enfant invisible; adulte invincible.

serena déchire les pages au fur et à mesure.

III. origines & lieu de naissance

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les visiteurs se font rare. ils ne viennent que lorsqu’il n’y a rien d’autre à faire, ne restent jamais longtemps. simplement pour dire qu’ils sont passés en coup de vent. quelques ornements pour embellir ce qui est déjà mort. des fleurs pour ajouter quelques nuances de couleur. serena les juge en silence. elle se replonge ensuite dans son récit. elle aime se dire que chaque texte est lié à l’autre. elle cherche le point commun à chacun. serena ne lit que des poèmes aux saveurs d’italie. l’ironie. une fierté qui ne devrait pas exister. elle n’a connu que détroit au fil des années. le même cimetière qu’elle n’a cessé de fréquenter.

arbre déraciné; racines attachées.

serena murmure des injures à ceux qui osent la déranger.

IV. occupation

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ils sont tous partis. personne ne reste aussi longtemps qu’elle. elle a presque terminé son bouquin, se demande si elle devrait en détruire entamer un autre. serena réfléchit en silence. elle calcule le temps que ça lui prendrait, le temps qu’il lui faudrait pour rentrer. elle doit arriver au country club à l’heure, même si elle n’en est pas obligée. c’est les rossi qui font tourner la machine. elle s’occupe d’accumuler la richesse qui déborde. le cerveau gère le côté financier. elle aime bien le calcul mental.

pognon à flots; famille à l’eau.

serena brûle le défunt bouquin sur la tombe d’à côté.

V. orientation sexuelle

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le téléphone est toujours muet. résonne à la seule personne qui daigne l’appeler. le prénom chéri s’affiche à l’écran. elle sait ce qu’il va lui dire, à tout moment. elle sait. serena répond en silence. rena, j’ai besoin de toi. rentre à la maison. elle s’exécute, se lève subitement. les paroles reçues comme un appel d’urgence. il est sa priorité. le reste n’est que futilité. pas de pulsions qui entraveraient sa perfection.

l’excellence est de mise; l’erreur n’est pas permise.

serena dit au revoir à son grand frère.

VI. statut civil

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la porte d’entrée claque d’un coup. elle le cherche du regard, le trouve au même endroit, dans la même position, avec la même expression. il est le seul homme de sa vie. à jamais. il n’y en aura pas d’autres. les prétendants ont disparu du jour au lendemain. le mystère plane encore quant à leur sort. il vaut mieux être seule que mal accompagnée. serena l’écoute en silence. il lui raconte toujours la même histoire. elle est toujours là pour lui. ses pensées plaquées au visage. on la déchiffre comme un livre ouvert. elle n’a rien à cacher.

sentiments éteints; expressions au teint.

serena n’en a rien à cirer.

VII. traits de caractère

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serena ne dit rien. elle préfère rester dans le calme, découvrir à travers le regard. observatrice, dotée d’un esprit logique. elle considère l’humain comme des problèmes de mathématiques. un long chemin avant d’arriver à la solution. il est assis devant elle, les opales noircies. l’océan s’est noyé. elle ne le quitte pas des yeux. elle se laisse emporter par le raz-de-marée. ils sont le miroir de l’autre. il est son reflet parfait. les mots sont rares mais incisifs, ils dépeignent le plus profond de sa pensée. je la déteste. la langue ne fourche pas. il est inacceptable qu’une personne se mette entre eux. ils s’étaient dits qu’ils ne resteraient rien qu’à deux. possessive à l’égard de la seule chose qui lui importe encore. ils n’ont plus rien à perdre, ils n’ont même pas peur de la mort. elle s’arme d’une grande méfiance, considère que personne ne mérite sa confiance. persuadée que personne ne les mérite. les jumeaux sont au-dessus de tout. eux contre le monde. je vais me venger. il n’y a rien qui puisse l’arrêter. perfectionniste, à ne laisser aucun détail de côté. elle se donne pour mission de le protéger. coûte que coûte; contre quiconque pourrait le blesser. personne n’a le droit de te faire du mal (personne n’a le droit d’encore nous faire du mal). il refuse. elle insiste. il refuse encore. elle insiste plus fort. il est vert de rage. il y a cette responsabilité qu’elle endosse, l’impression de porter le mal-être de son frère. si l’un tombe, l’autre suit. s’ils tombent, tout est fini. elle s’isole. l'introvertie. elle n’apprécie aucune compagnie autre que lui. et le néant. elle s’enferme dans sa chambre. il y a les affres qui viennent toquer à sa porte.

ça la dérange, lorsque les couleurs se mélangent.
ça la dérange, lorsque sa moitié est en souffrance.

palette d'émotions; macabre imagination.

serena hurle en silence.

playlist
palaye royale; oblivion
evanescence; bring me to life
evanescence; my immortal

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