vent solaire.

nord | 0° | 22 km/h

le vent se lève. il ne part que dans une seule direction. toujours la même, la victorieuse. celle qui ne flétrit jamais, même avec le temps qui court. le temps s’enfuit toujours. l’empire bâti au fil des années, au gré des sueurs. il n’y a que des briques d’or. chacune brille de la même façon — à la perfection. les el masry comme le soleil qui dort au creux de la nuit. scintillant en silence. ils drapent sur l’obscurité un voile d’élégance. une famille qui a su imposer ses valeurs sur des terres qui ne sont pas les siennes. une famille souveraine. ils vont tous dans la même direction, tous à construire leur fulgurante ascension. à partir de rien. des générations entières à mordre la poussière (à subir les séquelles de la guerre). n’est érigé que le fruit de leur labeur. à travers des édifices dignes de leur honneur. ils ont une mission à accomplir. quelque chose à transmettre à leur descendance. faire perdurer l’empire et sa toute puissance.



est | 90° | 36 km/h

le vent s’élève. il change de direction. le royaume s’étend à présent vers le bas. dans des sous-sols que personne ne voit. il y fait noir. on y construit des machines en or. ça continue de briller pendant que le monde dort. il y en a une qui tente de rattraper le temps. elle a été formée pour être plus rapide que le vent. elle suit toujours la même direction; ne dévie que très rarement. c’est elle, la rose des vents. une acharnée. une protégée. loyauté aux el masry à qui elle doit la vie. belle comme la rosée du printemps. froide comme la brise de vent. un ouragan d’intelligence. c’est elle qui mène la danse. maîtresse dans l’art de tuer. caméléon qui se faufile dans n’importe quelle situation. elle vient, elle part. elle ne laisse rien au hasard. comme le vent qui dérobe tout sur son passage. le vent qui choisit sa voie. on le sent; on ne le voit pas. promise au soleil, au trône qui n’attend qu’elle. indomptable, pourtant. celle à qui on a appris à balayer les sentiments.



ouest | 270° | 100 km/h

le vent dévie. le temps l’a rattrapé. elle n’en fait qu’à sa tête. à ne viser que le sommet. n’a dans sa ligne de mire que les cibles à abattre. les déchets du monde qu’il faut rayer de la carte. elle file, fonce la tête baissée. court à contre sens (dans tous les sens). rien ne peut l’arrêter. on l’a trop longtemps sous-estimée. la rose des vents ne sait plus dans quelle direction se tourner. elle s’est perdue. seule en terres inconnues. elle n’a écouté personne. n’écoute que ce cœur qui résonne. la mission en haute priorité. la tempête se réveille, détruit chaque obstacle dressé sur son chemin. ne fait aucune distinction. emporte ennemis et alliés. elle est aveuglée. on ne peut plus l’arrêter. les têtes tombent une à une sans qu’il n’y ait de fin. des années passées à changer le cours du destin. la vengeance ne goûte plus rien. il est trop tard pour faire marche arrière; elle avait déjà mis le pied en enfer. trop loin pour qu’on vienne la chercher. engloutie par ses propres convictions. l’ennemi n’avait plus qu’à se servir. il y avait une faille dans son plan. elle avait oublié d’éteindre ses émotions. erreur de débutant. la rose des vents s’est arrêtée. premier et dernier échec. il n’y en aura plus d’autres.



sud | 180° | 10 km/h

zohra. tu as les mêmes yeux qu’elle.