ça siffle.
ce n’est pas comme les oiseaux au printemps.
c’est plutôt aigu, strident.
ça perfore le tympan.
ça siffle.
ce n’est pas comme quand on appelle un animal.
c’est plutôt long, infernal.
ça éclate l’encéphale.
l’impression que les démons chantent plus fort.
la sensation d’encore moins sentir ton corps.
on dirait qu’il n’y a que toi et eux.
qu’ils te regardent droit dans les yeux.
elisabeth, que se passe-t-il dans ta tête?
tu regardes autour de toi.
tu clignes plusieurs fois.
et soudain, ça ne siffle plus.
les démons ont sûrement disparu.
sûrement.
tu regardes autour de toi.
on te prend dans les bras, tu ne sais pas pourquoi.
on te sourit, on te prend la main.
pourquoi personne ne dit rien?
ça siffle encore.
cette fois, c’est plus fort.
c’est agaçant, tu n’arrives plus à penser.
les démons déjà remis en liberté.
déjà.
ça siffle toujours.
le poids se fait lourd.
c’est étouffant, tu n’arrives plus à chanter.
les démons encore occupés à t’égorger.
encore.
( boom, boom, boom )
ça cogne dans la tête,
jamais ça ne s’arrête.
c’est encore pire qu’avant,
le chant des hurlements.
(
boom, boom, BADABOOM! )
ça a explosé avec fracas,
tout a volé en éclats.
le refuge brisé en miettes,
ne restait que l’épave d’une
elisabeth.
c'est bizarre.
tu ne sens plus ta guitare.
il te paraît presque inconnu,
ce compagnon qui ne te répond plus.
c'est étrange.
quelque chose te dérange.
tu grattes un peu plus fort,
mais il n’y a rien qui sort.
s i l e n c e.
quelques secondes de latence.
songes s’abattent avec violence.
le regard se vide peu à peu.
l’âme se consume à petit feu.
n é a n t.
tu tentes de parler désespérément.
mais tes mots disparaissent dans le vent.
la carcasse se traîne jusqu’au mur.
tu t’y fracasses la figure.
e f f r o i.
une fois, deux fois, trois fois.
ça fait trembler les parois.
ça gueule dans le crâne et dans la voix.
d'une voix que tu n'entends pas.
et la sienne. par pitié, pas la sienne.
de ce chant qui emportait tes peines,
au creux de l’oreille encore saine.
ton jardin d'eden.
mais le diable était parti, de toute façon.
il t’avait laissée sans aucune raison.
même lui ne voulait pas de toi, au fond.
à quoi bon?
t'abandonnes, lys.
tu te laisses engloutir par les abysses.
noyée dans l’océan de tes larmes.
finalement, tu rends les armes.
r i e n.
il ne te reste plus rien.
si même la musique n’était plus un remède.
si même votre promesse n’était plus qu’un rêve.
il ne te reste plus rien.
même plus la force pour te relever,
pour prendre ce couteau et t’achever.
r i e n
seulement les démons pour te posséder,
dans ce silence qui finit par t’emporter.